La Force de l'âge by Simone de Beauvoir

La Force de l'âge by Simone de Beauvoir

Auteur:Simone de Beauvoir
La langue: fra
Format: epub
ISBN: EPUB9782072497865-75555
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


* * *

1. Seuls quelques fragments en ont paru, longtemps après la publication du Mur.

2. En décrivant Argos, au premier acte des Mouches, Sartre s’est inspiré d’Emborio.

3. Un an plus tard, Pagniez nous parla d’Emborio comme d’un charmant village ; il y avait fort bien déjeuné avec Thérèse, dans une auberge avenante.

De Santorin, nous sommes rentrés directement à Athènes. Accroupis sur le pont, Sartre et Bost jouaient sur leur pipe de la musique grecque : ils nasillaient très bien. Aux escales, Bost plongeait et il nageait autour du bateau. Il resta au Pirée d’où il se rembarqua pour la France. Il nous raconta plus tard qu’il avait passé sa dernière nuit grecque dans un bouge affreux ; comme il demandait à la tôlière de lui indiquer ce que nous appelions « les cloaques », elle avait désigné la mer d’un grand geste en poussant le cri de Xénophon : « Thalassa ! Thalassa ! »

J’allai à Delphes avec Sartre. Le paysage où le marbre se marie si tendrement à l’olivier, avec la mer au loin, surpassait en beauté tous les autres lieux de la terre. Sur le stade où nous avons dormi la première nuit, le vent soufflait si fort que le lendemain nous avons pris une chambre à l’hôtel ; heureusement, car au soir un orage a sauvagement fouetté les ruines et les arbres ; le nez à la fenêtre, nous nous délections de notre chance : entendre gronder la colère de Zeus au-dessus des Phedriades. Nous sommes descendus à Itéa, nous avons dormi quelques heures dans un minable xenodokeion ; réveillée dans la nuit pour prendre le bateau, j’ai aperçu de dos par une porte ouverte une femme en longue robe noire qui peignait ses longs cheveux noirs ; elle s’est retournée : c’était un homme à barbe, un pope ; ils étaient tout un troupeau qui traversèrent le canal avec nous. J’avais concerté un ingénieux circuit pour gagner Olympie à travers la montagne : par un chemin de fer à crémaillère nous atteignîmes le monastère du Mégas Pileon — célèbre, mais ruiné trois ans plus tôt par un incendie — puis une ville d’eaux lamentable où nous avons déjeuné ; une auto de louage nous emmena à quarante kilomètres de là et s’arrêta au bord d’un torrent qui barrait la route. Nous la poursuivîmes à pied ; elle serpentait parmi les collines dont les couleurs hésitaient entre l’améthyste et le prune, et que veloutait une courte végétation vert sombre ; Sartre portait notre sac à dos, un vaste chapeau de paille, une canne ; moi je tenais sous le bras un carton. Nous ne rencontrâmes pas une âme, seulement de loin en loin des chiens jaunes que Sartre chassait en leur lançant des pierres : il avait peur des chiens. Après quatre heures de marche, je m’avisai que, même en Grèce, pour dormir dehors la nuit, à plus de douze cents mètres, il aurait fallu un équipement ; je regardai avec inquiétude noircir le ciel. Soudain, un village brilla, à un tournant, et je lus à un balcon de bois : xenodokeion.



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